«Chants électromagnétiques » est le nom d’un ensemble de sept musiques électroacoustiques qui peuvent être données séparément, du musicien et compositeur Jean Louis Hargous. «Chants électromagnétiques» explore différentes caractéristiques et allures des objets sonores, métaphores en quelque sorte de l’univers vibrant en référence aux champs électromagnétiques tels qu’on pourrait les imaginer, sans perdre de vue la notion de composition musicale. Le titre «Chants électromagnétiques» fait référence et est un clin d’œil aux «Chants magnétiques» de Bernard Parmegiani. Les musiques sont intitulées: «Itérations», «Rémanences», «Proche-lointain», «Continuum», «Pulsar», «Asynchronisme» et «Lux tenebris».
Mon projet est de créer un vidéoclip pour chacun des « Chants électromagnétiques », c’est à dire penser des images qui évoluent dans le temps et qui épousent un travail musical qui est déjà en soi un travail abouti. Les titres des musiques et leur contenu me permettent d’imaginer un travail de matière en relation à la musique: répétitions, apparition et disparition, travail sur le rythme, sur les spécificités techniques de la matière vidéo en question, sur le volume, etc. Voici ce que Jean Louis Hargous écrit sur la première de l’ensemble de cette série musicale: «Itérations, comme son nom l’indique, s’attache principalement à développer toutes sortes de phénomènes de répétitions et récurrences des sons, itérations larges ou serrées jusqu’aux granulations, alliées à un travail sur les dynamiques et la spatialisation». Cette démarche de recherche sonore et ma façon de travailler l’image en mouvement sont analogues. Au delà de cette réflexion formelle et de fond par la forme, ce projet de recherche contient l’intention d’une dimension plus «narrative» avec des successions d’images qui «représenteraient» des choses, c’est à dire des éléments reconnaissables comme des objets et des figures parfois vacillantes, d’autres fois évidentes comme tout droit sortis de rêves et pouvant évoquer des associations mentales.
La pénombre originelle de l’expérience de l’écoute acousmatique se prête pour moi à penser la naissance de l’image, autrement dit sa relation étroite à l’obscurité. Elle se prête aussi, dans la perspective d’une réalisation vidéo, à un questionnement sur la place et le sens du rapport que peuvent entretenir des images qui se calent sur une musique. La musique acousmatique qualifie une écoute attentive, active, et par extension une écoute qui s’intéresse au son: écouter sans voir (sans voir la source du son). Originellement et habituellement encore aujourd’hui l’écoute acousmatique se fait dans le noir ou dans la pénombre afin d’annuler le sens de la vue qui agit par sa force comme un filtre à l’heure de gérer les informations qui nous sont transmises par nos sens. Dans mon travail de recherche sur l’image, tout particulièrement dans l’image animée (vidéo), je me concentre dans la fabrication de grains particuliers, de rythmes, d’images abstraites ou au contraire descriptives qui cherchent, par leurs associations, à brouiller notre perception de la réalité en nous maintenant souvent sur une brèche, celle qui se trouve entre la fiction dans laquelle on se projette et celle du médium vidéo lui-même qui nous rappelle la nature du matériau vidéo et les spécificités de son dispositif de diffusion.
Les « Chants électromagnétiques » de Jean Louis Hargous seront publiés sous la forme d’un CD pour lequel je réalise des créations visuelles à l’automne 2023. Le premier vidéoclip sortira à cette date-là et les autres sortiront par la suite dans les deux années à venir.
Prochaines sorties prévues: « Asynchronisme » et « Itérations »
