Matière noire
Matière noire provient d’un questionnement sur l’idée de la création elle-même, c’est à dire sur la forme en train de se faire: elle se définit, s’évanouit, se transforme et enfin se fixe pour exister au monde. Elle évoque par son titre l’espace obscur et insondable. Elle alterne le noir et des images, le son peuplant ou non l’absence de choses à voir. L’image noire est traitée ici comme un contenu potentiel, une matière hypothétique, une image en puissance.
Psyché
Psyché met en scène un objet énigmatique: un genre de casse-tête fait de bois et de reflets générant des formes géométriques. Subrepticement, des indices se présentent à nous et révèlent timidement la nature de l’objet: un miroir mobile d’armoire. Le son nous rattache à la nature de l’objet alors que l’image échappe à notre compréhension (bien qu’on saisisse qu’il s’agit d’un miroir mobile). La vidéo présente des mouvements qui ont une apparence géométrique et abstraite alors que l’objet montré et entendu, l’armoire, est étroitement lié à une réalité matérielle concrète et intime. Psyché évoque l’idée d’un espace mental.
Liaisons intempestives
Topographie d’une journée
Topographie d’une journée et Liaisons intempestives sont deux vidéos liées qui peuvent être exposées séparément. Dans ces deux vidéos l’image joue avec plusieurs niveaux d’abstraction. La figuration y est aussi présente (objet, animal, humain), et tout particulièrement avec des portraits. Les fragments vidéos ont été collectés pendant 3 ans, et chaque image a été choisie autant pour ses qualités formelles que pour ce qu’elle représente. La quasi-totalité des plans qui composent ces vidéos sont fixes: elles ont presque un statut de photographie en mouvement. Le mouvement de la caméra dans l’espace fait quasiment irruption ça et là de manière fugitive comme pour soulager les yeux du regardeur et appuyer l’immobilité des autres plans. La narration des deux vidéos suit un ordre personnel obscur, c’est donc au spectateur de définir des liens entre les plans, s’il en trouve.
Ligne sensible
Ce plan séquence présente une ligne lumineuse jouant de son caractère épuré qui ne donne pas assez d’information pour pouvoir en comprendre sa nature. Ligne de fumée, elle est reconnue en tant que telle par le temps d’observation sur ses lents mouvements, ou bien clairement, quand un coup de vent la perturbe. La ligne de fumée réagit au mouvement de l’air. Elle est l’empreinte des déplacements hors cadre qui ont lieu autour d’elle. La tension qui la trouble, la redresse et guide ses mouvements est à l’image de la tension ressentie par le regardeur qui ne reconnaît ce qu’il voit que quand la ligne se défait pour dévoiler sa matière.
Lutte intime
Après une brève introduction d’images illisibles, cette vidéo présente une suite de plans de bâtiments, de détails architecturaux. L’image tremble, c’est là le seul mouvement qu’il y a dans les plans. Ces derniers sont accompagnés d’une dense bande sonore qui semble s’étirer à l’infini. Les bâtiments deviennent comme des corps, ils sont filmés comme des portraits.